« Un banc , mais oui bien sûr un banc, pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ». Voilà l’idée qui m’est venue récemment comme une révélation. Mais reprenons depuis le début. Il y a un an environ, j’ai désossé un vieux buffet basque très rustique car il était en trop mauvais état pour le relooker tel quel. Et depuis, j’avais ces deux planches à l’état quasi brut qui traînaient chez moi. Je ne savais pas quoi en faire car je voulais garder leur patine mais tout ce qui me passait par la tête nécessitait un usinage et vu le nombre de clous qu’elles avaient ce n’était pas jouable. Mais en faire un dessus de banc par contre permettrait de conserver la patine et de ne pas avoir à les usiner. Alors, quand en plus j’ai vu à côté d’elles ces morceaux de MDF, je me suis lancé.
C’est le printemps alors pourquoi ne pas profiter de ce projet pour faire un peu le vide dans mon stock de chutes car je commence à en avoir un peu trop.
Les deux planches mesurant 138,5 cm de long, une opération digne d’un prix Nobel a été nécessaire pour trouver la taille de ma base.
Donc 138.5cm – un rebord de 2.5 cm de chaque côté – l’épaisseur d’un montant de 19mm *2 , etc. Bref j’ai obtenu les côtes nécessaires et j’ai pu commencer la construction de la base du banc. Pour cela j’ai utilisé des chutes de contreplaqué de 18mm. Et hop encore des planches qui vont disparaître du stock. Cool !
Rien de bien compliqué ici, j’ai débité à la scie sur table ces chutes et j’ai vissé le tout ensemble. À ce stade la base fait 9 cm de haut.
Le banc aura trois casiers et donc il faut trouver où placer les planches. Jusque là c’est facile mais cela se complique vite. Si on prend juste la longueur totale et qu’on la divise par trois, ça donne la côte mais pour le milieu des séparations. C’est pas terrible car on ne sera pas précis à la fin. Le mieux est de calculer pour savoir où va le bord de la planche. Ici j’ai tracé un trait pour placer une des traverses sur laquelle je vais visser mon montant. Il sera pris en sandwich et vissé de chaque côté pour que cela soit costaud.
Ça parait pas mal à ce stade. J’ai déjà monté les deux montants centraux du banc et les deux montants latéraux. Ces derniers sont un peu plus profonds afin de cacher le fond par la suite. Pour ce projet je travaille sans plan donc j’avance à tâtons et j’improvise au fur et à mesure. Attention les dégâts ;).
Et comme toujours dans ce genre de projet, c’est après avoir monté les deux panneaux centraux que j’ai trouvé comment fixer les planches au banc d’une part, et comment rigidifier les montants d’autre part. Je vais insérer des transverses en contreplaqué sur toute la longueur. Mais pour cela il a fallu que je démonte les deux montants et à l’aide d’une équerre à combinaison , j’ai tracé les morceaux à enlever.
Voila ce que cela donne une fois passé sous la lame de ma fidèle scie sauteuse. Les découpes du bas avait déjà été faites pour permettre l’encastrement du panneau dans l’ossature du banc.
Afin que les fixations ne soient pas visibles j’ai utilisé mon gabarit Kreg pour « vis de poche ». Je suis assez d’accord que cette expression « vis de poche » (elle n’est pas de moi hein ;)) ne veut rien dire. Le terme original en anglais s’appelle « Pocket hole » et n’est pas mieux… Le nom n’est pas parlant, mais cette technique est géniale car solide, rapide à mettre en place, et surtout invisible une fois le meuble fini.
Les trois traverses s’emboîtent bien dans les emplacements prévus à cet effet. J’ai utilisé des vis de la marque « Rocket » pour les fixer, et si vous faites attention vous verrez que je n’ai pas vissé trop prés du bord. Pourquoi ? Parce que le MDF se fend qu’on on visse près d’un chant. C’est un des défauts de ce matériau. Alors si vous devez faire un meuble et utiliser du MDF, faites attention car selon la longueur de votre vis ça peut vite tourner à la catastrophe.
Après 5 minutes de recherche dans le stock j’ai mis la main sur ces vieux morceaux de contreplaqué. Ils ne sont pas très reluisants en l’état mais une fois poncés et peints, ils seront parfaits pour servir de fond (de sol) aux casiers. En moins de dix minutes, les trois étaient mis aux bonnes dimensions grâce à ma scie sur table. Je les ai ensuite fixés avec mon cloueur pneumatique.
L’ossature est désormais finie mais il reste du travail car, qui dit montant en MDF ou en contre-plaqué, dit galère à la finition pour cacher les chants (le bord de la planche;)).Il y a deux possibilités pour ça : ou on met un apprêt spécial qu’il faut poncer, et souvent il faut en mettre deux couches… grrrrr, puis on peint, ou alors on met un parement en bois massif mais dans ce cas il faut le construire.
Je préfère toujours cette deuxième option car le résultat est beaucoup mieux. Cette planche en pin assez balèze que j’ai récupérée il y a quelques mois est parfaite pour ce que je veux faire. Et en plus cela fera aussi de la place.
En jouant de la scie j’ai réussi à en tirer les morceaux nécessaires pour construire l’ossature du parement. Une fois de plus j’ai utilisé les « vis de poche » pour obtenir un truc solide avec un assemblage invisible. Bien entendu là, c’est l’arrière hein ;). Il reste encore, à ce moment là, à tailler les deux baguettes qui viendront cacher les chants des montants centraux du banc.
Un fois ceux-ci faits, j’ai pu fixer l’ensemble à l’ossature du banc. Ici pas de colle ni de vis mais uniquement des pointes mises au pistolet à clous pneumatique. Très pratique comme outil car il ne nécessite qu’une seule main ce qui permet de faire des ajustements avec l’autre pour garantir une pose au millimètre.
Après avoir poncé la devanture pour enlever une grosse partie de la lasure existante, les trous laissés par les clous ont été bouchés. J’ai « cassé » ensuite les angles du parement à l’aide d’une cale à poncer pour les rendre moins saillants. Le banc était prêt pour passer à la peinture. Je commence toujours par le dessous car celui ci ne recevra qu’une seule couche. Par la suite je remets le meuble sur ses pieds et je peins le reste.
Pendant que la peinture sèche, c’est le moment de s’occuper de l’assise. Il va falloir se débarrasser de tous ces clous qui recouvrent les deux planches sur toute leur longueur.
Vous pensez que je vais les couper avec la paire de tenailles hein ? Que nenni ;). En fait là, je les tire pour qu’ils rentrent un peu plus dans la planche.
Cela doit faire un paquet d’années que ces clous sont là et si j’essayais de les enlever cela abîmerait le dessus de la planche en faisant des éclats. Alors autant ne pas prendre ce genre de risque.
Pour obtenir une coupe nette, la meuleuse me paraissait le meilleur choix. C’est rapide et surtout cela coupe bien à ras. Certes cela laisse quelques traces mais comme c’est sur le dessous cela ne se verra pas.
J’ai effectué ensuite un léger ponçage avec du grain 120. Je voulais juste décrasser le bois mais ne pas enlever, ni la patine ni les défauts des planches.
Après avoir nettoyé le tout avec de l’essence de térébenthine, un couche de teinte « chêne clair » a été appliquée suivie d’une couche de cire « chêne moyen ».
J’avais envisagé de mettre une teinte couleur « teck » mais j’ai eu peur que cela fasse trop « rouge » et je me suis dégonflé ;). Rester dans le classique pour la finition n’est pas forcément mon crédo mais parfois c’est plus sûr.
On est proche de la fin et il ne reste plus qu’à mettre un fond à notre banc. Bien que cette partie ne sera que peu visible, il ne faut pas la négliger pour autant. Et j’avais dans l’atelier le matériau parfait pour cela et qui en plus me prenait de la place : des chutes de lambris. Une fois que j’ai eu coupé les 11 lattes nécessaires, cela m’a pris cinq minutes de poser le tout au pistolet à clous. C’est un lambris déjà peint et il est moins blanc que le reste du banc mais ça s’harmonise bien non?
Quelques vis pour assembler les planches à l’ossature et voilà notre banc complété et fini. Il fait 138.5 cm de long comme on l’a déjà vu plus haut et 38 cm de profondeur. La hauteur est celle d’une chaise classique environ.
Le contraste entre les planches et le reste est comme je l’avais imaginé. La structure se fait oublier pour mettre en valeur ces deux planches anciennes issues d’un dessus de buffet.
Vous la trouvez comment cette assise, elle n’est pas terrible? J’adore ses variations de couleurs et ses traces de vécu. Les marques sur la planche de droite, sûrement dues à un couteau, me font penser que le dessus du buffet était utilisé pour couper du pain ou du saucisson. La vraie vie en somme.
Bien que la création de ces casiers n’était pas le but premier de ce projet, ceux ci offrent un bon espace de rangement . C’est vraiment dommage que je n’aie pas la place de le mettre dans mon entrée parce que je me verrais bien le matin m’asseoir sur ce banc et mettre mes chaussures tranquillement.
Si on fait le total, ce projet ne m’a absolument rien coûté à part les vis, les clous et un peu de peinture. Par contre il a permis de faire pas mal de vide et de rangement. Entre les planches de l’assise, les chutes de MDF pour les montants, les chutes de contreplaqué pour la base et les traverses, les panneaux de contreplaqué pour les sols des casiers, la planche en pin pour le parement et les chutes de lambris pour le fond, j’ai réussi à recycler 7 trucs différents.
Alors je ne sais pas si c’est le printemps, mais je peux vous dire que les planches se tiennent à carreaux en ce moment à l’atelier car là je suis chaud ;).
La bise
Mat
Encore du super boulot et en plus en faisant du rangement (peut-être pour de futurs projets)
Merci beaucoup Xavier. Oui il y a de chances que cela finisse comme ca: plus je range plus je récupère des choses..