Revisite d’une table basse en rotin 6


Quand on me parle de customisation ou de réparation de meubles en rotin, en général je ne suis pas super emballé. La construction de ce genre de meuble est une science à part entière et les produits qu’il faut pour s’attaquer à une restauration « classique » sont spécifiques. Vous l’aurez compris, cette petite table n’était pas en haut de ma liste des projets que j’ai hâte de réaliser. Mais à force de passer à coté d’elle depuis qu’une voisine me l’a gentiment donné, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. Je n’allais tout de même pas me laisser impressionner par un petit bout de table, tout en rotin soit-elle. Non mais alors c’est qui le patron hein 😉 Alors comme c’est la mode en cuisine de faire des revisites de classiques, je vais me prêter au jeu et faire une revisite de ce meuble assez commun.

En premier lieu, je ne suis jamais très rassuré de travailler sur un meuble où il y a du verre et encore moins quand celui-ci est cassé. Comme le plateau ne sera pas réutilisable, on va faire simple et commencer par l’enlever. Il a l’air d’être juste maintenu en place par un cerclage en rotin agrafé à quelques endroits. Muni de mon vieux ciseau à bois, j’ai inséré celui-ci prés de chaque agrafe et il a suffit d’une légère pression vers le haut de chaque coté pour les défaire une par une.

Les surprises du démontage ! Le verre c’est transparent mais ça cache quand même pas mal de saletés. Avant d’aller plus loin un bon nettoyage s’impose. Direction le jardin alors.

Ce qui est bien avec le rotin c’est qu’on peut le passer sous l’eau sans prendre le risque que cela gonfle comme c’est le cas avec le bois. Je me suis installé dans ma pelouse, et armé d’une simple brosse et du jet d’eau, j’ai effectué un petit nettoyage en profondeur de la table. Reste plus qu’à attendre que le soleil se charge du séchage.

Pendant ce temps je suis retourné à l’atelier pour me pencher sur le cas du plateau. Comme vous le voyez j’ai choisi de faire celui ci en palettes.
J’en avais démonté une il y a quelques temps et les planches traînant dans l’atelier, c’était le projet idéal pour les utiliser. J’ai mesuré le diamètre de la table, coupé une des planches à la bonne dimension et je m’en suis servi pour tracer les parties de planches à conserver.

Une fois toutes mes planches à la longueur (ou à peu près ;)), je vais pouvoir les préparer. Successivement je vais les dégauchir pour obtenir un chant propre puis elles vont passer à la scie sur table pour obtenir l’autre chant propre. Enfin un petit tour à la raboteuse sera nécessaire pour éviter de trop avoir à poncer.

Avant d’effectuer toute ces étapes il y en a une qui peut paraître anodine mais qui est sûrement la plus importante : la détection du fer.
Il est primordial de vérifier qu’il ne reste pas un clou ou un morceau de fer dans toutes les planches avant que celles-ci passent dans une machine et ce pour deux raisons : la première est pour une raison de sécurité. Si en coupant une planche à la scie sur table ( ça tourne a 5000 tours/minute) la lame tape dans un clou, il y a de fortes chances que je me prenne ou la planche ou un bout de la lame en plein dans la gueu** . Je n’ai déjà pas le physique de Brad Pitt ou de Hugh Jackman alors je vais éviter d’en rajouter 😉

La deuxième est que cela abîme les lames et que le matos, bah ça coûte cher… Donc un petit détecteur comme celui-ci à 20€ ça marche très bien pour détecter les clous et vis oubliés ou invisibles dans une planche.

Donc après avoir vérifié que je pouvais me lancer sans risque, j’ai usiné les planches comme prévu et j’ai obtenu de quoi continuer.
Mes planches provenant d’une palette et d’un restant d’une autre palette , j’ai composé avec deux largeurs différentes pour constituer le plateau.

J’ai calé toutes les planches dans la presse de mon établi pour qu’elles ne bougent pas afin de tracer le cercle . Avec un chute de bois j’ai réalisé un compas « maison ». Si vous avez besoin de ça un jour c’est assez facile à faire : on perce un trou au diamètre du stylo puis de là on mesure la moitié de la distance nécessaire (le rayon du cercle quoi) et on plante un clou. Après il n’y a pas qu’a tourner et magie : on a un joli cercle ;).

Quelques minutes plus tard à l’aide de ma scie sauteuse j’ai obtenu ma première ébauche de plateau. Je dis ébauche car la table en rotin n’est pas parfaitement ronde en fait. Elle fait 61 cm de diamètre dans un sens mais 60 cm dans l’autre. Le rotin a dû travailler avec le temps et c’est plus une sorte d’ovale qu’il faut pour le plateau qu’un vrai rond.

Pour pouvoir continuer d’avancer , j’ai fixé les planches entre elles avec des tasseaux que j’ai vissé. J’avais mis des clous dans un premier temps mais cela n’était pas génial. Les planches bougeaient trop et s’alignaient vraiment mal alors j’ai recommencé mais avec des vis. Avec le plateau désormais solide, j’ai pu ajuster pour obtenir la forme finale voulue. Cela ne se voit pas très bien sur la photo mais j’ai aussi réalisé un chanfrein en style « quart de rond » sur tout le pourtour. J’ai fait cela, à la défonceuse, afin que le plateau s’insère mieux dans le cadre en rotin de la table.

La construction du plateau achevé, il ne me reste plus que quelques points à voir sur la table avant de pouvoir la peindre. Je dois notamment réparer quelques endroits où le rotin est coupé ou manquant. J’ai choisi de ne pas mettre de clou comme cela peut se faire dans le rotin car j’avais peur qu’il se fende plus. L’option « collage au pistolet à colle » m’est alors apparue comme une bonne solution. Après un test concluant sur le morceau en photo ci-dessous j’ai fait les autres endroits de la même façon. J’avais fait une photo du résultat mais comme elle est floue, bah je ne la montre pas car on ne voit pas grand chose dessus. Désolé.

Et me voilà en place pour la peinture. J’ai cherché à me procurer une sous-couche en bombe mais je n’en ai trouvé que des blanches. Quitte à peindre en blanc pour que cela accroche, j’ai décidé de me passer de cet achat à 10€ et de faire un test avec ma peinture blanche + plâtre. J’ai de bons résultats sur les meubles vernis avec donc cela devrait aussi accrocher sur le rotin.

J’ai utilisé mon pistolet basse pression pour appliquer la sous-couche et heureusement. Je n’ose même pas imaginer le temps et la galère si je m’étais attaqué à cette table avec un pinceau. Il y a des recoins partout, des zones vraiment dures à atteindre et j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour vérifier qu’il n’y ait pas des manques. En tout cas ma sous-couche maison tient vraiment bien. Même en grattant à l’ongle cela ne part pas.

J’ai laissé sécher au soleil et je me suis occupé, pendant ce temps, de teindre le plateau. Après un ponçage généreux au grain 40, j’ai appliqué deux couches de teinte couleur « Teck ». J’avais déjà utilisé celle-ci quand j’avais réalisé mon bureau bleu et vu que la table sera de la même couleur, pourquoi ne pas refaire la même association?

Avec les temps de séchage des peintures et produits de finition, il faut travailler de façon méthodique pour ne pas perdre trop de temps sur un projet. La sous-couche sèche, je teins le plateau, le plateau sèche, je peins la table etc… Bien que j’adore le blanc comme le prouvent mes récents projets, j’avais envie d’une couleur plus soutenue pour cette table en rotin. Et puis le rotin peint en blanc on en voit partout alors amusons nous et tentons la couleur ;). A cette étape j’en suis à protéger la peinture avec un vernis mat. A l’inverse d’autres projets que je cire, j’ai préféré utiliser du vernis car cette table pourrait être en partie dehors lors de sa future vie donc autant prendre les devants. J’ai appliqué le même produit sur le plateau pour le protéger.

Une fois le vernis bien sec je suis passé au collage. J’ai choisi d’en mettre sur tout le pourtour du plateau afin de combler l’espace entre lui et la structure, laissé vide par l’anneau en rotin qui retenait le plateau de verre initial. Comme vous pouvez le voir, j’ai une nouvelle fois utilisé un pistolet à colle. Cette technique n’a que des avantages, elle vous laisse le temps de replacer la corde si nécessaire, en cas d’erreur cela s’enlève plutôt bien et une fois sec on peut enlever les morceaux qui dépassent facilement.

Et voilà le résultat final que j’ai obtenu (après m’être un peu brûlé les doigts à plusieurs reprises il faut le dire ;))

Pour obtenir un look cohérent j’ai aussi collé de la corde au niveau des pieds. Cela permet en plus de cacher l’ancien assemblage en rotin qui était défraîchi.

Je suis agréablement surpris par le rendu de la teinte sur du bois de palettes. Cela fait bien ressortir le veinage et le coté « brut » du bois. Vous remarquerez peut être une ligne claire à gauche de l’image. Cela est dû au bois qui a légèrement gonflé je pense à cause de l’eau comprise dans la teinte. D’ici peu il devrait se rétracter et cela ne se verra plus. Et que pensez vous de ce petit plateau ciel ? Je l’ai trouvé chez Action pour 3€ et je l’adore. Le bleu est magnifique je trouve.

J’ai utilisé de la corde en diamètre 8 mm. Elle existe en 14 mm mais je n’ai pas osé en utiliser ici car elle aurait était plus dure à travailler je pense, surtout au niveau des pieds. Vous pouvez trouver ces cordes en magasin de bricolage et elle se vendent au mètre en général.

Vous aurez peut-être remarqué, mais je n’ai pas parlé du ponçage de la table en elle-même et ce pour une bonne raison : je ne l’ai pas poncée. En tout cas pas de fond en comble comme on pourrait s’y attendre avec la couche de vernis inhérente à ce type de meuble. J’ai « ponçouillé » par-ci par-là mais sans plus. C’était plus pour nettoyer certains endroits en fait. Et je suis plutôt content d’avoir été flemmard sur le ponçage car le résultat prouve que cela ne valait pas le coup.

En effet, la peinture adhère bien et le résultat fini est propre même de près. J’ai été plus qu’agréablement surpris sur ce point là. L’addition de la sous-couche et de la peinture finale a rattrapé, à beaucoup d’endroits, l’aspect fendu du rotin.

Il ne me reste plus qu’à trouver un nouveau foyer à cette petite table où elle sera appréciée à sa juste valeur. C’est la triste réalité quand on relooke des meubles, on se donne à fond dans chaque projet mais on ne peut pas tout garder faute de place. Et puis surtout il faut faire de la place pour le projet suivant ;).

 

La bise

Mat

Les étapes pour relooker une vieille table en rotin en utilisant de la corde et une palette


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6 commentaires sur “Revisite d’une table basse en rotin

  • ghislaine caillon

    Bonjour Mathieu, et encore une fois: BRAVO! Quand on voit la table au départ, et le résultat de votre travail…
    Une merveille!
    Bien cordialement.
    Ghislaine.

    • mm
      Mat Auteur de l’article

      Bonjour Ghislaine,
      Merci beaucoup pour votre commentaire. J’étais assez pessimiste au début de ce projet mais le résultat me plait bien au final.
      Bonne journée.

  • Carole BERTI

    Un petit air marin.. Très bonne idée le cordage, de plus il permet de renforcer les liens des pieds en rotin, qui souvent ont tendance à mal vieillir avec le temps (en plus du côté déco).

    • mm
      Mat Auteur de l’article

      Effectivement la couleur bleue associée à la couleur du plateau et au cordage me fait aussi penser a cet esprit « Bords de mer ». Merci Carole.