Restaurer et relooker une travailleuse 6


Aujourd’hui mes amis, je vais vous partager les différentes étapes que j’ai dû effectuer pour redonner vie à cette vielle travailleuse. C’est ma copine Caro qui avait récupéré celle-ci à la poubelle et je vous l’avais présentée cet hiver. Comme vous pouvez le voir tout de suite, il lui manque un pied.

Elle n’est donc pas vraiment en très bon état, mais elle est tellement sympa que je n’ai pas pu résister à l’envie de tenter de la réparer. Je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’elle finisse à la benne. La clé n’est pas celle d’origine. J’ai dû en faire une pour pouvoir ouvrir le casier et quelle sensation quand il s’est enfin ouvert et a révélé tous ses compartiments !

J’ai eu beaucoup à faire sur ce petit meuble, alors je vais essayer de ne pas être trop bavard et de laisser place aux photos qui sont nombreuses. J’ai même dû me résoudre à ne pas toutes les mettre car cela en faisait vraiment beaucoup.

Dans tout projet il faut bien commencer par quelque chose et pour cette petite travailleuse, j’ai choisi de commencer par boucher des trous de vers. Il y en avait absolument partout et notamment sur le plateau et le dessous du casier. Du mastic à bois est idéal pour ce genre d’opération.

Je m’y suis repris à deux fois car avec autant de trous à traiter, on en oublie automatiquement quelques uns la première fois. Après la deuxième fois et donc le deuxième ponçage cela n’a pas trop l’air mal. Je ne me fais toutefois pas d’illusion car il restera forcément des trous que je n’aurais pas vu. Pour ceux en noir que vous pouvez apercevoir, ils étaient déjà bouchés par de la vieille cire je dirai.

Pendant que le mastic séchait, je me suis penché sur le problème de l’angle avant droit du plateau qui était cassé.

J’ai coupé la partie abîmée à la scie à main puis j’ai taillé un morceau de tilleul que j’ai collé à la colle polyuréthane. J’ai choisi du tilleul car cela se travaille bien et comme ici il va falloir recréer un angle et une courbe , ce bois me paraissait tout indiqué.

Après les deux heures réglementaires de temps de séchage, j’ai pu me mettre aux choses sérieuses. J’ai tracé une ligne dans le prolongement de la partie restante en conservant quelques millimètres de rab puis j’ai coupé.

J’ai effectué la même opération pour la partie courbe et ensuite, avec une râpe à bois et du papier à poncer, j’ai au fur et à mesure obtenu un angle comme à l’origine. Tout au long de ce travail, je me suis référé à la pièce de l’autre pied pour voir si ce que je faisais allait dans le bon sens. Et cela n’a pas l’air trop mal non?

Maintenant que cette opération est faite, il est temps de redonner 4 pieds à notre petite travailleuse. C’est vraiment dommage que ce pied soit manquant et n’est pas pu être retrouvé, car les trois autres sont assez élégants. Pour le remplacer j’ai pensé et même brièvement essayé d’en refaire un au tour à bois mais je ne dispose pas du matériel nécessaire. Et en regardant de plus près, je me suis aperçu qu’un autre des pieds ne tenait plus (le pied est en haut sur la photo)


Donc en plus de devoir refaire un pied je devais aussi en recoller un autre. Alors à ce moment je me suis dit que quitte à me galérer, autant le faire pour de vrai : j’ai coupé les deux pieds qui restaient. Pas de panique hein j’ai un plan : je vais utiliser un des deux pieds arrière pour remplacer celui manquant et je vais utiliser les pieds avant d’une veille chaise pour les mettre à l’arrière de la travailleuse… Vous suivez toujours? 😉

J’ai récupéré cette chaise ainsi que deux autres identiques cet hiver. Comme c’est celle qui était dans le moins bon état, je vais m’en servir pour récupérer les deux pieds avant. Après avoir démonté la chaise, j’ai mesuré la hauteur nécessaire et j’ai coupé les deux pieds à la scie à onglets, histoire d’avoir une coupe d’équerre.

Pas de chance cependant car le trou pour le barreau (la mortaise) est exactement au niveau de la coupe. Pour les boucher, le plus simple a été de coller l’ancien barreau dedans.
Quand la colle sera sèche, je couperai le barreau au ras et je me retrouverai avec deux pieds nickels.

Pendant ce temps, je me suis occupé du problème du placage. Celui à l’envers du plateau était tellement abîmé, que l’enlever m’est apparu comme la meilleure solution. Au départ il se décollait bien mais cela s’est compliqué par la suite.

J’ai alors utilisé la technique du torchon humide pour décoller le reste. Vous savez, on mouille un torchon et on le pose sur le placage. Après quelque temps celui-ci s’enlève bien et en principe le tour est joué.

Je dis bien en principe car il y avait un petit trou dans le placage et je voyais que c’était un peu « creusé » en dessous. Pas grave à première vue mais en continuant d’enlever le placage il s’est avéré que ce n’était pas un trou mais un gouffre abyssal ! Plus je grattais, plus j’enlevais du bois mort. Le fond du trou n’est autre que le placage de l’autre côté du plateau. La planche a complètement été dévorée.

Le plateau dans son ensemble devait donc être renforcé car trop fragile en l’état. Par chance j’avais des grandes chutes de contreplaqué de 5mm de disponible. J’ai reporté le tracé du plateau sur l’une d’entre elles et j’ai effectué la découpe avec ma scie sauteuse.

Pour fixer le contreplaqué au plateau, j’ai utilisé de la colle néoprene tout simplement. Il faut juste bien vérifier que tous les bords sont alignés avant de poser les pièces l’une sur l’autre car la néoprene étant une colle contact, une fois que c’est collé, c’est collé 😉 C’est toujours un petit moment de stress d’effectuer ce genre de collage !

Par la suite, j’ai utilisé ma défonceuse armée d’une fraise à copier afin de « copier » le bord du plateau puis j’ai chanfreiné les bords. J’ai fait tout cela afin que le contreplaqué ne se voie pas trop, que la réparation ne saute pas aux yeux. Ensuite j’ai poncé et encore poncé pour que son contour s’adapte parfaitement au contour du plateau d’origine.

Pour le placage présent sous le casier, comme il n’était abîmé que sur un bord, j’ai simplement coupé celui-ci au cutter. J’ai utilisé un tasseau en guide de règle et hop.

Je n’ai eu par la suite qu’à enlever les quelques bouts de placage qui restaient. Cette partie étant peu visible, on ne verra quasiment pas la différence de niveau une fois la pièce peinte. Et comme vous pouvez le voir, j’ai aussi profité de l’occasion pour recoller le panneau inférieur qui avait pris du jeu à l’arrière de la travailleuse.

Il ne reste désormais plus que les pieds à remettre. Les pieds étaient « goujonnés » c’est à dire qu’une barre de bois ronde était insérée pour partie dans le pied et pour partie dans la colonne. J’ai donc pour chaque pied et chaque colonne enlevé le goujon existant. Avec une perceuse j’ai repercé un trou du diamètre du goujon (15mm). Le plus dur est de bien rester perpendiculaire avec la perceuse dans ce genre d’opération. Voilà à quoi cela ressemble une fois le trou réalisé.

Il ne me restait plus qu’à tailler des nouveaux goujons en n’oubliant pas d’inclure la nouvelle épaisseur du plateau réparé dedans ;), et de coller le tout.


 A voir comme cela, on pourrait se dire que cela va être l’enfer de nettoyer la colle mais bien au contraire. Quand c’est bien sec, les résidus de la colle polyuréthane s’enlèvent très facilement. Voici celle que j’utilise.


Avec toutes ces pièces rapportées (les pieds arrières, le dessous de plateau, le nouvel angle) et tous les trous de vers, la seule finition envisageable était de peindre la travailleuse. C’est dommage car elle avait de jolies parties en marqueterie. N’arrivant pas à m’y résoudre je pense avoir trouvé un compromis. J’ai teinté couleur acajou certaines parties que j’ai ensuite masquées.

L’idée est donc de peindre la travailleuse mais de faire ressortir quelques zones spécifiques couleurs acajou à la fin, notamment la façade où se trouve l’ouverture pour la clé.

Comme à mon habitude j’ai effectué la peinture au pistolet basse pression afin d’obtenir un rendu parfait sur les pieds. Deux couches ont été nécessaires pour arriver au résultat suivant:

J’ai retiré l’encadrement qui se trouvait à l’intérieur car il n’avait plus d’utilité. Je n’ai pas peint l’intérieur du casier car le bois était propre et avait une jolie teinte. Qu’en pensez vous, j’aurai dû le peindre ou c’est mieux de l’avoir gardé au naturel?

J’ai essayé de conserver le maximum de marqueterie sur le plateau inférieur et c’est pourquoi la forme n’est pas vraiment en diamant 😉

Le dessus de la travailleuse était assez banal mais j’ai quand même tenu à faire ressortir l’aspect du bois même si celui-ci n’est pas en marqueterie.

Et voilà les fameux pieds de chaises ! Je dois avouer que je suis plutôt satisfait du résultat car ils s’accordent vraiment bien avec le reste de la colonne. Je ne suis pas sûr que quelqu’un se doute de la « supercherie » en voyant la travailleuse, s’il ne sait pas d’où viennent les pieds.

J’ai beaucoup aimé redonner vie à ce meuble mais je ne pensais pas que j’y passerai autant de temps. Je m’étais dit que quatre à cinq heures de travail devaient suffire mais en réalité j’en ai passé plus de dix. Au fur et à mesure des petites réparations s’avérant nécessaires se sont ajoutées. La leçon à retenir, s’il doit y en avoir une, est que ce n’est pas parce qu’un meuble est petit que cela va être rapide de le relooker. 😉

La bise

Mat


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6 commentaires sur “Restaurer et relooker une travailleuse

  • Anne

    Bravo jolie rénovation et quel travail dont celui de la créativité (pieds de chaise et marqueterie). Je dois en rénover une, et le plateau du dessous est très abimé donc je pense enlever la totalité de la marqueterie, et ensuite sur le bois qui apparaîtra est ce que je peux peindre directement, après poncage ? Merci de votre aide.

    • mm
      Mat Auteur de l’article

      Bonsoir Anne,
      Merci beaucoup pour votre message. Concernant votre projet, tout dépendra du bois qui se trouvent en dessous. Si votre meuble est récent il est possible que cela soit de l’aggloméré. Par contre s’il est ancien il est possible que cela soit du bois massif mais de faible qualité et comportant des noeuds ou autres défauts. Il faut donc s’attendre à un bon ponçage, voire un masticage pour préparer la surface à la peinture.
      Bonne rénovation.
      Mat

    • mm
      Mat Auteur de l’article

      Merci. Il n’y a aucune raison que vous n’y arriviez pas. Et puid l’important c’est de prendre du plaisir à bricoler ces vieux meubles qu’on trouve au hasard d’un détour. Bon relooking.